La langue française ne s’écrit pas comme elle se parle et c’est ce qui peut parfois démotiver les apprenants au début de l’apprentissage. En outre, quand un apprenant de français a appris de la grammaire et du vocabulaire pendant de nombreuses heures et qu’il se rend compte qu’il ne peut pas communiquer avec un natif parce que sa prononciation est médiocre, c’est extrêmement frustrant. L’intégration par l’enseignant d’activités de prononciation dès les premières heures de cours de français est, par conséquent, fondamentale. De son côté, l’apprenant doit également s’entraîner entre les cours. Parler à haute voix, répéter voire s’enregistrer sont des exercices nécessaires pour améliorer sa prononciation et avoir plus confiance en soi lors de communications orales. La prononciation peut passer par l’apprentissage de l’alphabet phonétique international mais à moins d’être passionné par le sujet, tous les apprenants n’y seront pas forcément réceptifs. Alors voici quelques astuces pour réussir un cours de prononciation :
Créer un climat de confiance :
La prononciation est une sorte de gymnastique de la bouche. Comme l’apprenant est invité à produire des sons inhabituels, il est essentiel pour l’enseignant de créer un climat de confiance au début de chaque séance. L’humour et l’autodérision de la part de l’enseignant sont des stratégies qui ont fait leur preuve.
Faire le point sur les règles de prononciation basiques:
Inviter les apprenants à faire un remue-méninge de ce qu’ils savent déjà sur la prononciation française est une manière pertinente pour eux d’avoir conscience de certaines caractéristiques de la langue.
Exemples :
Le « e » et le « s » sont muets à la fin des mots.
Le « ent » est également un ensemble de lettres à ne pas prononcer à la fin des verbes…
Faire la différence entre deux phonèmes:
Une bonne prononciation passe par une écoute attentive des différents phonèmes (= sons d’une langue) de la langue cible. Chaque langue a ses sons propres et les repérer afin de les imiter est une première étape pour l’apprenant.
Mouette / muette
Le son de la lettre « u » en français est toujours un défi pour les anglophones, par exemple.
Le son de la lettre « r », un son articulé par la luette, est également une difficulté pour les apprenants en général.
Parfois des sons sont proches et travailler avec des paires de mots peut être intéressant pour mettre en valeur les différences entre certains sons. Ces mots qui se différencient uniquement par un seul phonème sont appelés des « paires minimales ».
Vite / rite
Pont / don
Certains apprenants ont des difficultés à faire la différence entre l’imparfait et le passé composé. Créer ou trouver des enregistrements avec des exemples de verbes conjugués est utile pour faire travailler l’oreille des apprenants.
L’enseignant est un modèle, il peut s’enregistrer pour que l’apprenant puisse refaire l’activité autant de fois qu’il le souhaite, entre les cours. Il peut également demander aux apprenants de s’enregistrer lors de la prononciation de certains sons ciblés pour la séance suivante.
Faire répéter et corriger la moindre erreur avec des conseils concrets sont des clés pour réussir un cours de prononciation.
Enseigner les voyelles:
Pour enseigner les voyelles du français, il faut enseigner la position de la langue dans la bouche. Pour cela, le trapèze des voyelles du français est un outil efficace parce qu’il permet aux apprenants de visualiser l’emplacement du bout de leur langue. Le trapèze représente la cavité buccale. Il y a des voyelles antérieures, centrales et postérieures. L’aperture de la bouche et le degrés d’arrondissement des lèvres sont également à prendre en compte.
Tous les apprenants ne seront pas entièrement réceptifs parce que le trapèze est très spécifique, mais cela en aidera quelques-uns.
Il faut noter que la langue française contient également des voyelles nasales qui sont toutes dans la phrase suivante : un bon vin blanc. Voilà un excellent moyen mémo-technique pour les retenir sur le long terme.
Enseigner les consonnes:
Les consonnes du français sont plus faciles à enseigner que les voyelles parce qu’il y a obstruction ou friction entre les organes buccaux. Ce tableau peut vous aider à comprendre où les consonnes se rencontrent ou s’approchent mais il est très technique et complexe. L’enseignant doit le maîtriser pour donner des explications mais le montrer aux apprenants qui ne sont pas là pour faire de la phonétique pure et dure peut être déroutant et ennuyeux.
L’importance des enregistrements :
Le professeur peut enregistrer sa voix pour créer des exercices et pour servir de modèles aux apprenants entre les cours.
Le dictaphone d’un smartphone est suffisant pour faire des enregistrements de bonne qualité. Quand le fichier audio est prêt, il est possible de l’envoyer par e-mail aux apprenants ou de l’intégrer dans une plateforme d’apprentissage. Certaines plateformes offrent déjà la possibilité de s’enregistrer.
Les apprenants doivent également s’enregistrer pendant et entre les séances. L’enregistrement garde une trace précieuse de leur progression et est un outil précieux pour une remédiation réussie.
L’avantage des enregistrements est qu’ils peuvent être écoutés en détail, ainsi, l’enseignant peut mieux calibrer son cours parce qu’il a une meilleure connaissance des forces et des faiblesses de ses apprenants.
L’enregistrement est également la base d’un autre projet riche et amusant : la création de podcasts audio.
Faire faire des podcasts est un excellent moyen de rendre l’apprenant vraiment actif dans son apprentissage et ce, à tous les niveaux. C’est à l’enseignant d’adapter les consignes au niveau des apprenants.
L’approche basique:
L’enseignant propose des sujets (culturels, par exemple) et l’apprenant fait les recherches nécessaires, rédige un texte et après correction écrite et orale, l’enregistre.
L’approche sophistiquée:
Des apprenants peuvent travailler ensemble et copier des émissions audio. Ils peuvent par exemple faire des interviews, des jeux, des documentaires, des micros-trottoirs. Les jeux de rôles sont les bienvenues pour rendre l’activité ludique.
La création de podcasts permet de faire travailler plusieurs compétences en même temps: la compréhension écrite (au moment des recherches), la compréhension orale (si leurs sources sont des documents audio), la production écrite (au moment de la rédaction du script) et la production orale (au moment de l’enregistrement). Et en plus de tout cela, les apprenants découvrent des aspects culturels et peuvent développer leur esprit critique.
La cerise sur le gâteau c’est de diffuser leurs podcasts sur une plateforme sur Internet. Ainsi, les apprenants peuvent les partager avec leurs proches et être fiers de leur travail. Et il y a de quoi être fier, ce n’est pas tous les jours que l’on se retrouve dans la peau d’un journaliste qui parle la langue cible !
Les cours de prononciation sont toujours bénéfiques pour les apprenants mais il est fondamental de ne pas rendre ce cours ennuyeux et seulement basé sur la répétition. L’apprenant doit être actif dans son apprentissage et est invité à écouter attentivement puis à s’entraîner activement et éventuellement à produire pendant et en-dehors des séances.