Cours d’immersion: “Journaliste d’un jour” à l’Alliance Française de Pasadena

journaliste

Mon prochain cours d’immersion aura lieu le 23 avril 2017.

Pendant ce cours d’immersion spécial, vous allez être des journalistes d’un jour ! Vous allez apprendre à rédiger des articles de presse et à faire des podcasts. Vous aurez le choix entre être journaliste de presse écrite ou à la radio. Le thème du jour sera la vie culturelle française. Vous serez guidé par votre professeur pour qu’à la fin de la journée, vous ayez votre propre article ou votre propre podcast.

 Important: Apportez votre ordinateur portable, si vous en avez un.

Pre-registration required in order to guaranty that the class will take place. Cost: $99. Class from 9:30am to 3:30pm, lunch (additional) from 12pm to 1pm with the class at a local restaurant.

Niveau B1 + (intermediate).

To register: https://afpasadena.extranet-aec.com/classes/view/7-adult_immersion/3-adults/0-all-levels/1-french/

Cours sur le film Welcome à l’Alliance Française de Pasadena

Voici mon prochain cours thématique qui aura lieu le 6 et le 13 avril de 6.00 à 8.00 pm. 

Ce cours s’adresse aux personnes de niveau B1 minimum, qui ont vu ou non le film Welcome. Il consiste en l’analyse de plusieurs scènes de ce film. Le but de ce cours est de pratiquer la langue française à l’oral et à l’écrit à partir d’un support cinématographique. Il vous permettra de réfléchir sur la signification d’éléments que vous n’avez peut-être pas remarqués quand vous avez regardé la scène pour la première fois et de mieux comprendre les subtilités que le réalisateur a voulu transmettre au public.

This class will meet on Thursday, April 6 and April 13 from 6.00 pm to 8.00 pm at Alliance Française de Pasadena. Pre-registration is required. $90

To register: https://afpasadena.extranet-aec.com/classes/view/8-adult_thematic/3-adults/0-all-levels/1-french/

Bande-annonce du film:

Les chansons enfantines françaises

Vous apprenez le français et vous aimeriez chanter des chansons à vos enfants ?

Voici une petite sélection des classiques de la chanson enfantine. Ils se transmettent de génération en génération et font partie du patrimoine culturel français. Vous en connaissez peut-être déjà.

Toutes les vidéos ci-dessous proposent une version karaoké pour vous permettre de voir et de comprendre les paroles. Et pourquoi pas chanter ces chansons françaises avec vos enfants ? Les exposer aux sons d’une langue étrangère dès le plus jeune âge est extrêmement bénéfique pour leur développement cognitif.

 

Commençons par une série de berceuses !

 

1) Frère Jacques

Une excellente berceuse pour les plus petits. Cette chanson a été traduite en de nombreuses langues.

 

2) Au Clair de la Lune

3) A la Claire Fontaine

 

Avec un peu plus de rythme et facile à chanter avec ses enfants:

4) Dans la Forêt Lontaine:

5) Une Souris Verte

6) Pirouette Cacahuète

 

Les chansons à gestes

Il n’y a qu’à suivre la vidéo pour la chorégraphie.

 

7) Sur le Pont D’Avignon

Avignon est une ville en Provence dans le sud de la France. La chanson parle du fameux pont Saint Bénézet qui ne va pas jusqu’au bout de l’autre rive.

 

8) Ainsi font font font 

9) J’ai un gros nez rouge

 

Explication des mots en bleu :

Les paroles = le texte de la chanson

Le développement cognitif = le développement du cerveau (= brain)

Une berceuse = une chanson que l’on chante pour faire dormir les enfants

De nombreuses = beaucoup de

La rive = bout de terre à côté de la rivière

 

 

La fête des Grands-Mères

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La fêtes des grands-mères est une fête typiquement française qui a été inventée par une marque de café contenant le mot “grand-mère” en 1987.

A l’origine, cette fête est donc principalement commerciale, mais elle a pris tout son sens les années qui ont suivi. En effet, le premier dimanche du mois de mars est le moment de faire honneur à son aïeule en lui apportant des plantes ou des fleurs et en passant du temps avec elle.

La fête des grands-pères n’existe pas en France. Mais fête officielle ou pas, il est essentiel de passer du temps avec les anciens de votre famille. Ils ont tant de choses à vous apprendre !

Podcast:

 

Califrenchlife podcast: unnamed (6)

Suggestions of French-speaking videos on Netflix

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This article is in English because everybody can watch these videos on Netflix.com, even real beginners because the subtitles are in English.

Movies are made to reflect reality so the actors do not enunciate well all the time. They speak like in real life and it’s a very good exercise for you.

 

Let’s discover these movie suggestions ! Their genres are different but they are all part of this selection because they will make you think about life and are interesting in their own way.

 

What’s In A Name ?

It’s a Franco-Belgian movie which was adapted from a play.

The topic is the future name of a baby. Not everybody agrees and speaks about their arguments. Little by little, this discussion leads to deeper problems between the different characters.

It’s an entertaining movie. It is funny and sad, which is one of the features of French movies.

 

Lolo: 

This is a French comedy by Julie Delpy.

A Parisian woman meets a man during her holiday in Biarritz. At the beginning, she thinks it will just be a fling, but her boyfriend finds a job in Paris so he’s going to move there. Their relationship can continue. Everything seems to be perfect except that one person will do everything to destroy this love story.

 

Marguerite:

Marguerite is a French drama.

Marguerite is a classical singer. She thinks she ‘s very talented because everybody comes to see her at her place to hear her sing. But her problems begin when she decides to sing outside her house, where nobody was told to act as if she was singing perfectly.

This movie is a reflection about how far hypocrisy can go and how much it can hurt.

 

The Measure of a Man:

It is a French drama featuring Vincent Lindon who won the best actor Palme d’Or during the Festival of Cannes in 2015.

It’s a French movie which deals with the reality of an unemployed 52-year-old man. You will see his struggle to save his family life and his dignity despite the terrible spiral of the failed interviews and of the ineffective appointments at the employment agency. This movie denounces the bad aspects of a system and the condescending behaviour of some people who tend to take advantage of their power in front of somebody who’s living a difficult situation.

 

The African Doctor:

This lovely movie is a French comedy-drama, that is to say that you will laugh and cry, so be ready for that !

A doctor who studied in France is offered a job in a small village in the countryside. He decides to ask his family from Congo to come to France to have a brand new start. He thinks it’s the best for his family but they will have difficulties to integrate their new community.

 

The last suggestion is not a movie but a one-man show: Gad Gone Wild.

The show was recorded in Montreal, Canada. He speaks about his experience as a new resident in New York. Gad Elmaleh is from Morocco. He has lived in France and began to live in the US recently. In this show, he compares the Moroccan, the French and the American cultures. The contrasts are interesting and funny ! The show is in French but he sometimes speaks in English. Anyway, the subtitles are in English, so you will enjoy every second of the show.

Gad Elmaleh is very successful in France. It’s the moment to check if humour can always cross borders.

Quel / quelle / quels / quelles

tour eiffel ambiance gothique

Quel = what

On accorde quel avec le nom principal de la question.

Quel est votre numéro de téléphone ?

un numéro de téléphone (masculin singulier) donc on utilise quel.

 

Quelle est votre pièce d’identité ?

une pièce d’identité ( féminin singulier) donc on utilise quelle.

 

Quels sont vos numéros de téléphones ?

des numéros de téléphone (masculin pluriel) donc on utilise quels.

 

Quelles sont vos pièces d’identité ?

des pièces d’identité (féminin pluriel) donc on utilise quelles.

 

Quand le nom est masculin singulier : quel
Quand le nom est féminin singulier : quelle
Quand le nom est masculin pluriel : quels
Quand le nom est féminin pluriel : quelles

Les articles indéfinis

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L’article indéfini est toujours placé avant le nom. On l’utilise pour parler de choses qui ne sont pas spécifiques.

Devant un nom masculin singulier : Un formulaire (a form)
Devant un nom féminin singulier : Une bibliothèque (a library)
Devant un nom pluriel : Des formulaires (forms)

Des bibliothèques (libraries)

Césaire / Senghor: L’oralité dans la littérature francophone

Comme nous sommes en mars, mois de la Francophonie, voici un article sur l’oralité dans la littérature francophone. Ce texte se base sur deux œuvres poétiques célèbres : Cahier d’un retour au pays natal de Aimé Césaire (1913-2008) et Ethiopiques de Léopold Sédar Senghor (1906-2001).

 

Un griot.

Un griot

Introduction :

 

L’oralité a donné une dimension exotique et innovante à la littérature francophone. Elle est un véritable outil pour donner toute son ampleur aux mots utilisés par ses auteurs. C’est la rencontre de deux mondes : le monde de l’oral qui transmet de manière sonore des mémoires, un patrimoine culturel et le monde de l’écrit classique. L’oralité a grandement contribué au développement de la littérature francophone. Elle a apporté un nouveau souffle, une nouvelle approche à la littérature de langue française et elle lui a ouvert de nouveaux horizons.

Pour développer le sujet de l’oralité, nous allons nous baser sur deux œuvres poétiques célèbres : Cahier d’un retour au pays natal de Aimé Césaire (1913-2008) et Ethiopiques de Léopold Sédar Senghor (1906-2001). Ces deux œuvres ont été choisies parce que leurs auteurs ont fortement contribué au rayonnement de la littérature francophone dans le monde entier. Césaire, auteur martiniquais et Senghor, auteur sénégalais se sont bien connus. Ils se sont rencontrés à Paris au Lycée Louis Legrand et suite à de longues discussions, ils se sont influencés dans de nombreux domaines. Césaire, lors d’une interview faite par Michel Field, a même affirmé qu’il a, grâce à Senghor, réussi à comprendre ses véritables origines en découvrant la noblesse de la culture africaine. En outre, ils ont tous les deux été de grands politiciens, de grands hommes de lettres et ils ont surtout été avec Damas, l’auteur dandy guyanais, deux des fondateurs du mouvement politique et du courant littéraire de la négritude. Ces deux hommes, qui n’étaient pourtant pas originaires de la Métropole, ont également marqué le patrimoine français. En effet, Léopold Sédar Senghor a été membre de l’Académie Française et Aimé Césaire a une plaque à son nom au Panthéon depuis 2011.

Dans leurs œuvres poétiques engagées, ces deux auteurs ont utilisé des techniques spécifiques et ont développé un style particulier, influencé par leurs véritables origines. Ainsi, on pourrait se demander, en se basant sur ces deux œuvres poétiques, comment l’oralité a contribué au développement des littératures francophones.

Dans une étude en trois parties, nous allons découvrir l’importance de l’oralité pour ces deux auteurs, leurs techniques pour donner un aspect oral à leurs textes écrits puis nous allons voir les effets de l’oralité sur la langue française. Mais avant cela, une présentation globale de ces deux œuvres s’impose afin de mieux comprendre leurs objectifs et le contexte dans lequel elles ont été écrites. Par la suite, je vais expliquer comment j’ai collecté les donnés pour réaliser cette étude.

 

Cahier d’un retour au pays natal de Aimé Césaire (1913-2008) :

 

Cahier d’un retour au pays natal est la première œuvre poétique publiée par Aimé Césaire. C’est un long poème original qui rompt avec les règles de la poésie classique qu’il maîtrise si bien. Il s’agit d’un long texte de 65 pages qui oscille entre l’écriture en vers et la prose. Il mélange les genres (le surréalisme et le chant incantatoire), joue avec la typographie, l’espace entre les phrases, la syntaxe, la longueur des phrases, la ponctuation, invente des mots et des expressions qu’il relie avec des tirets et marque ses mots de sa subjectivité. L’auteur est bel et bien présent tout au long de son texte rédigé entre 1936 et 1939. A cette époque-là, Césaire est de retour en Martinique, sa terre natale après des études supérieures à Paris. C’est à son retour sur l’île qu’il se rend réellement compte de l’influence néfaste du colonialisme français. Son poème exprime sa révolte et est le texte fondateur de la négritude.

Dans ce long poème, on peut distinguer trois parties distinctes qui représentent les étapes de sa réaction à son retour de la Metropole. Dans la première partie, Césaire fait une description désolante de son Ile. Dans la seconde partie, il se rend compte des aspects néfastes du colonialisme sur ses terres. Dans la dernière partie, il encourage ses « Frères » à réagir contre ceux-là et à changer le schéma dominants-dominés imposé par le colonialisme.

Le but de ce texte est de redonner ses lettres de noblesse à la culture créole, dont les racines sont dans la culture africaine, découverte par Césaire via son ami sénégalais rencontré à Paris,  Léopold Sédar Senghor. Il veut que les Martiniquais soient dignes et fiers de leurs origines et de leur couleur malgré l’oppression des colons européens et de leur culture. Il veut que les Martiniquais cessent de subir, qu’ils deviennent actifs pour retrouver leur réelle identité perdue. A travers ses mots, l’auteur vise les colons européens blancs racistes, il essaie, par conséquent de libérer son peuple d’une emprise culturelle néfaste, des coups de fouets donnés à son grand-père (ironiquement appelé « un très bon nègre »). Il pousse son peuple à se souvenir du passé pour renaître dans le présent et construire un meilleur avenir en accord avec ses valeurs originelles.

Son poème est particulièrement puissant et avant-gardiste pendant les années 30. En effet, à cette époque, la France est encore une puissance coloniale et la décolonisation des pays d’Afrique n’a pas encore commencé. Elle débutera réellement après le Seconde Guerre Mondiale et prendra fin avec l’indépendance de l’Algérie en 1962.

 

Ethiopiques de Léopold Sédar Senghor (1906-2001) :

 

Ce recueil poétique est dans l’ouvrage Œuvre Poétique. Son titre, Ethiopiques vient du grec « aithiops », qui signifie « noir ». Il a été publié en 1956 pour s’inscrire dans le courant littéraire de la négritude. Ce n’est pas la première œuvre poétique de l’auteur. Il a écrit Chants d’Ombres en 1945 et Hosties Noires en 1948 que l’on peut trouver avant Ethiopiques dans Œuvre Poétique. Contrairement à ces dernières, Ethiopiques est une œuvre qui s’interroge moins sur une crise de civilisation, c’est une œuvre plus politique et autobiographique qui évoque, par exemple, l’érotisme de la femme blanche en référence à ses expériences personnelles.

On peut distinguer trois parties dans cette série de 22 poèmes. Les huit premiers poèmes évoquent son rapport à l’Afrique, même si l’un de ces poèmes est intitulé New-York. Dans ce dernier, il retrouve avec plaisir l’influence de l’Afrique dans le quartier de Harlem. Dans les six suivants intitulés « Epître à la Princesse » dédiés à la Marquise Josephine Daniel de Betteville, la grand-mère de sa seconde épouse, Colette Hubert, Senghor dialogue avec une bien-aimée lointaine qu’il décrit régulièrement avec des éléments qui font penser au froid, l’opposé de l’Afrique. Il s’agit d’une relation épistolaire sous la forme de poèmes. Elle est pleine de lyrisme, de nostalgie et de romantisme. Cette partie est le fruit de la passion de son peuple africain et d’une femme éloignée géographiquement, qui pourrait être une métaphore de son amour pour le continent européen. Cette relation représente un lien entre l’Europe et l’Afrique. La troisième partie s’intitule « D’autres chants », c’est une série de huit poèmes aux thèmes variés : amour, valeurs morales… qui reflètent les remises en question et les réflexions philosophiques de l’auteur. Cette œuvre est complexe parce qu’on a l’impression qu’il y a un manque d’unité entre les poèmes. Mais le fil conducteur d’une partie à l’autre est la complexité de son auteur : ses origines, ses influences, ses ambitions et son expérience personnelle multiculturelle.

Ethiopiques est une œuvre qui concentre des réflexions de Senghor cumulées pendant de nombreuses années, elle a été publiée quatre ans avant l’indépendance du Sénégal, pays où il deviendra le premier Président de la République en 1960.

  

L’apport de l’oralité dans le développement des littératures francophones. Etude basée sur Cahier d’un retour au pays natal de Aimé Césaire (1913-2008) et Ethiopiques de Léopold Sédar Senghor (1906-2001) :

 

« Seule le rythme provoque le court-circuit poétique et transmue le cuivre en or, la parole en verbe », citation de la postface de Ethiopiques intitulée : Comme les lamantins vont boire à la source. Grâce à cette citation, nous pouvons comprendre que l’oralité est précieuse aux yeux de Léopold Sédar Senghor et de Aimé Césaire, en effet, elle fait partie de la culture de leurs parents et de leurs ancêtres. Elle devait faire partie de leurs œuvres littéraires pour être fidèles à leurs véritables origines et pour s’exprimer en accord avec eux-mêmes. On pourrait se demander ce qu’a vraiment apporté l’oralité au développement des littératures francophones. Pour répondre à cette question, nous allons tout d’abord étudier l’importance de l’oralité pour ces auteurs. En deuxième partie, nous allons nous concentrer sur les techniques utilisées pour traduire cette oralité dans des textes écrits. Finalement, nous allons étudier les conséquences de cette oralité sur des écrits en langue française.

 

I) L’importance de l’oralité pour ces deux auteurs

 

L’oralité fait partie intégrante de la culture africaine. Pendant des générations et des générations, elle était le seul vecteur de transmission d’un patrimoine culturel : des contes, des poésies… Celui qui est chargé de cette transmission culturelle en Afrique est le griot. Il raconte de manière vivante des histoires parfois pleines de magie aux nouvelles générations. Il est invité aux grands événements familiaux et communique avec le public qui l’entoure. Il y a une interaction directe fondamentale pour que l’héritage culturel se transmette correctement d’une génération à l’autre. Le griot chante ses contes et histoires, il danse, il mime et il est souvent accompagné d’instruments de musique. Par exemple, le tam-tam est un des instruments de prédilection de l’oralité chez ces deux auteurs. Senghor fait toujours précédé ses poèmes des instruments qui accompagnent le narrateur. Des instruments typiquement africains : les kôras, les balafongs, les tabales sont notamment utilisés pour accompagner les poèmes Congo et L’Homme et la Bête. Mais des instruments de musique plus classiques comme la flûte, l’orgue ou d’autres issus du jazz peuvent aussi accompagner des poèmes qui traitent davantage de la culture occidentale. Un orchestre de jazz et un solo de trompette sont notamment impliqués dans A New York… Le jazz est un courant musical crée par les Noirs du sud des Etats-Unis. Ainsi, Senghor rassemble tous ses « Frères » noirs du monde entier. Les instruments dépendent du thème et de l’impression que l’auteur veut donner. Sans instruments, les poèmes perdent une partie de leur sens et de leur âme. Dans la postface du recueil de poèmes que nous étudions, Senghor explique que les « poètes nègres » de l’Anthologie sont avant tout des « auditifs ». Il donne l’exemple des poètes gymniques de son village qui écrivent dans un état de transe quand ils sont sous l’influence du tam-tam. Senghor affirme qu’il est d’abord inspiré par un rythme, puis il écrit ces poèmes sans jamais avoir de plan précis à l’avance. Il attache aussi beaucoup d’importance à la diction du poème. Il compare ses poèmes à une partition de jazz où tous les paramètres sont essentiels. Le crieur a tendance à insister sur l’accent final du verset. Il faut chanter le poème.

Aimé Césaire, même s’il est Martiniquais est aussi issu d’une culture de l’oralité, en effet, les ancêtres des Antillais viennent d’Afrique, la population locale est, par conséquent, familière avec ce procédé de transmission culturelle. L’oralité fait partie de l’enfance des deux auteurs qui regardent leur passé avec nostalgie dans Ethiopiques et Cahier d’un retour au pays natal. A l’époque du « Royaume de l’Enfance », pour citer Senghor, la culture africaine était plus pure et était peu influencée par les colons. Au moment où Césaire et Senghor ont crée le mouvement politique et le courant littéraire de la négritude, c’est à dire pendant les années 30, la culture des ancêtres était sur le point d’être oubliée par la population locale, si influencée et manipulée par la présence de la culture européenne.

C’est pour la figuration de la mémoire que ces deux auteurs, qui ont tour à tour le rôle de griot et le rôle de porte-parole d’un peuple, essaient de faire revivre la culture de leurs véritables origines et de rendre sa dignité à la population locale Noire, trop souvent traitée injustement ou comme des citoyens de seconde zone à cause de l’esclavage et de la colonisation.

Nous avons pu voir que l’oralité n’est pas qu’un style, en effet, elle représente bel et bien une partie de l’identité des auteurs et de toutes les populations qu’ils représentent.

Comme l’oralité est l’expression spontanée et authentique de la pensée, on pourrait se demander quelles techniques ces auteurs ont utilisé pour passer de l’oral à l’écrit.

 

II) Les techniques littéraires pour passer de l’oral à l’écrit

 

Pour donner les aspects vivants, colorés, authentiques et directs de l’oralité à un texte écrit, Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire utilisent des techniques bien spécifiques.

Le rythme et la musicalité sont cruciaux dans ces poèmes pour que les auteurs atteignent leurs objectifs de revalorisation des populations Noires et de figuration de la mémoire. Ils maîtrisent de nombreuses figures de style. Ils jouent avec les sons et les répétitions en utilisant de nombreuses allitérations, assonances et anaphores. Ils jouent avec les épiphores, les prolepses (ils expriment des idées importantes à l’avance pour mieux réfuter les objections) et les analepses (les retours dans le temps).

Ils s’amusent avec les règles de ponctuation et la syntaxe française. La ponctuation dans l’œuvre de Césaire est particulièrement pauvre, tandis que Senghor ne respecte pas toujours ses règle; elle respecte des pauses respiratoires pour bien montrer l’oralité de son oeuvre.  Césaire crée des expressions construites avec une série de mots, reliés entre eux par des tirets. Ces derniers poussent le lecteur à avoir un certain rythme quand il lit ces expressions. Par exemple, « la danse il-est-bon-et-légitime-d’être-nègre ». Grâce à ce procédé créatif, il rend le message plus facile à retenir.

Dans la poésie des deux auteurs, le style est direct, c’est incontournable quand on veut imiter le style du griot. Le « je » est bel et bien présent pour montrer l’engagement du narrateur dans son combat contre les idéologies des colons. Il y a des questions directes, un émetteur et un ou des récepteurs. Nous reviendrons ultérieurement sur l’identité de ces récepteurs. En outre, les apostrophes, les interjections, les phrases exclamatives, les onomatopées font partie intégrale de leurs poésie : « Voum rooh oh », peut-on lire dans Cahier d’un retour au pays natal à plusieurs reprises et « Oho ! Congo oho ! », dans le poème Congo de Senghor.

Senghor utilise un procédé de nomination. Il joue avec les connotations du lecteur et donne ainsi une plus grande puissance au vocabulaire qu’il utilise. Césaire, quant à lui, utilise des néologismes comme « inattenduement » et joue avec la typographie, les espaces, les mises à la ligne pour que le message attire directement l’œil du lecteur.

La présence de répétitions, de parallélismes, de refrains montre l’aspect incantatoire, mystique et de rituel des poèmes. Dans l’œuvre de Césaire, les anaphores sont particulièrement présentes et leurs répétitions sont entêtantes. Dans Ethiopiques, Senghor utilise notamment l’animisme, qui est la croyance en une âme animant les êtres vivants, mais aussi les objets et les éléments naturels. Les deux auteurs sont véritablement des prophètes, des guides pour la population. Il y a un aspect liturgique dans leurs poèmes. On peut trouver des chants d’éloges comme Teddungal dans Etipopiques et des chants cérémoniaux. Les répétitions se font martellement comme s’il fallait retenir une leçon. Le lyrisme omniprésent et la présence de sentiments forts renforcent l’identification.

Nous avons vu que les auteurs maniaient avec précision les techniques littéraires pour rendre la transmission de leurs textes plus vivante et faire penser à l’oralité africaine qui leur est si chère.

On pourrait se demander quelles sont les conséquences de l’oralité et de toutes ces techniques sur la langue française.

 

III) Les conséquences de l’oralité en langue française

 

Tout d’abord, il faut savoir que Senghor et Césaire ont tous les deux dû faire face à des critiques parce qu’ils n’ont pas écrit directement dans leurs langues locales. Les Martiniquais voulaient que le texte poétique soit rédigé en créole et les Sénégalais voulaient que les poèmes soient écrits dans une des langues locales du pays. Mais le but des deux auteurs était bel et bien de s’exprimer en français. Ainsi, ils pouvaient également toucher l’élite de leurs pays et les Français. Ils avaient des choses à leur communiquer.

Toutes les techniques pour exprimer l’oralité, étudiées dans la seconde partie, montrent bien que ces deux auteurs maîtrisent parfaitement la langue française. Ils ont décidé de rompre avec les règles de la littérature classique pour mieux exprimer leur identité et pour faire passer leur message avec plus de conviction. Mais quand on observe l’effet donné à la langue française par ces auteurs, on se rend compte qu’il peut être perçu comme exotique par les lecteurs francophones. La forme des textes, leurs tournures, la puissance des syntagmes nominaux, le principe de nomination,  le vocabulaire parfois issu des langues locales ou d’autres langues vivantes ou mortes, rendent la langue française presque étrangère aux Français ! Mais Senghor adapte la ponctuation des poèmes, c’est à dire le rythme de ses phrases, pour les lecteurs français. Il explique dans la postface de Ethiopiques que le rythme d’origine peut également être préservé si ces textes sont lus en insistant sur l’accent majeur de chaque groupe nominal. Césaire, en plus du créole, utilise du vocabulaire d’Afrique et d’Amérique du Sud, par exemple, des mots d’origine portugaise et espagnole sont présents dans son texte poétique. Sans oublier que les deux auteurs, qui ont bénéficié d’études littéraires poussées à Paris, ont recours à des mots latins, grecs et font appel à du français archaïque. Breton disait à propos de Césaire : «  Un Noir qui manie la langue française comme il n’est pas aujourd’hui un Blanc pour la manier ». Cette citation prouve que l’auteur martiniquais et Senghor étaient des génies d’un point de vue linguistique. Ils ont mélangé les cultures et le vocabulaire d’origine étrangère pour créer un métissage culturel dans le but de montrer au monde qu’il n’y a pas de culture supérieur et que la culture Africaine, berceau de la culture antillaise, est tout aussi importante que la culture gréco-latine et occidentale. Ils appellent aussi au respect de toutes les races : «… je ne suis pas différent, ne faites pas attention à ma peau noire : c’est le soleil qui m’a brûlé », dans Cahier d’un retour au pays natal.

Nous avons pu remarquer que Césaire et Senghor ont utilisé la langue française comme une arme pour redonner ses lettres de noblesse aux cultures indigènes et aux populations locales des territoires colonisés par les Français. Leur objectif est de convaincre que toutes les cultures et toutes les races du monde sont sur un même pied d’égalité.

 

Conclusion :

 

A travers ces trois parties, nous avons pu voir que l’oralité a su donner de la couleur, de la vie, du rythme et un métissage culturel sans précédent à la littérature francophone. Les techniques littéraires de ces deux auteurs servent leurs messages de négritude. Leurs poèmes ont un aspect incantatoire qui doit servir à la transmission de valeurs et d’idées qui leur sont précieuses : retrouver et faire découvrir la culture des Noirs ; faire retrouver une dignité aux populations indigènes victimes des colons ; démontrer à l’univers que le métissage culturel est une force et qu’il n’y a pas de culture supérieure. Leurs poèmes sont bel et bien contre le racisme, le colonialisme et pour l’égalité des Hommes. La langue française leur permet de se faire entendre plus universellement et de communiquer plus facilement avec le colonisateur, responsable de la crise d’identité des populations indigènes. Ils jouent avec la langue de Molière pour donner à leurs poèmes un aspect auditif sans précédent à la littérature de langue française. Leurs textes doivent être lus comme des partitions et interprétés avec une diction spécifique pour donner au lecteur blanc un peu du rythme de parole du griot, pour que le lecteur européen devienne interprète de ces nouveaux sons venus de loin. Ces deux auteurs attendent des efforts de la part de leurs « Frères » noirs mais aussi des autres populations pour vivre dans un monde meilleur, plus égalitaire, dans le respect de tous les êtres humains, peu importe leur race. Dans la postface d’Ethiopiques, Senghor écrit : « Il m’a donc suffi de nommer les choses, les éléments de mon univers enfantin pour prophétiser la Cité de demain qui renaîtra des cendres de l’ancienne, ce qui est la mission du Poète ». Mais chaque mot est encore plus puissant et prend véritablement tout son sens quand il est dit en rythme.

 

Bibliographie et sources électroniques :

 

BAUMGARDT U. et UGOCHUKWU F., 1 juin 2005, Approches littéraire de l’oralité africaine, Paris, Editions Karthala.

 

BELOUALI, Saïda. In Semen. Senghor : Habiter l’interparole [en ligne], Semen revues. 2004, [consulté le 1mai 2015], disponible sur : http://semen.revues.org/2243

 

CATHERINE-SAINT Elizabeth, Oralité et figuration de la mémoire chez Césaire, Chamoiseau et Monémembo, Université de Victoria, Canada.

 

CESAIRE A., 1983, Cahier d’un retour au Pays Natal. Paris, Présence Africaine.

 

CHEVRIER J., 2004, De la culture orale à la production écrite : littératures africaines, Besançon, PUFC.

 

CHEVRIER, Jacques. In Semen. Postface : L’encre du scribe est sans mémoire [en ligne], Semen revues. 2004, [consulté le 5 mai 2015], disponible sur : http://semen.revues.org/2273

 

GALLAY, Anne-Lise. In Academia. Le style de Senghor : La cas d’Ethiopiques [en ligne], Academia, 15 mai 2015 [consulté le 15 mai 2015], disponible sur : http://www.academia.edu/9619109/Le_style_de_Senghor_le_cas_dEthiopiques

 

JOUANNY R., Septembre 1997, Ethiopiques : Analyse littéraire de l’œuvre, coll Profil-Senghor, Paris, Hatier.

 

PERRIN, Véronique. In Itinéraires humanistes. Lecture analytique : Cahier d’un retour au pays natal [en ligne], Itinéraires humanistes, 4 mars 2014, [consulté le 10 mai 2015], disponible sur : http://www.itineraireshumanistes.org/?p=877

 

PIRIOU,Marine. In La Plume Francophone. Cahier d’un retour au pays natal ou la formation dialectique du je césairien [en ligne], la-plume-francophone, 4 novembre 2007,[consulté le 2 mai 2015], disponible sur http://la-plume-francophone.com/2007/11/04/aime-cesaire-cahier-dun-retour-au-pays-natal/

 

SENGHOR SEDAR Léopold. 15 octobre 1990. Œuvre Poétique, Ethiopiques. Points Essais, Paris, Editions du Seuil.

 

 

Le présent des verbes en -ir (-issons)

Ile de Ré, France.

Tous les verbes en -ir qui se terminent en -issons à la première personne du pluriel (nous) se conjuguent de la même manière.

On peut aussi dire que ce sont des verbes du deuxième groupe.

Finir:

je finis

tu finis

il finit

elle finit

on finit

nous finissons

vous finissez

ils finissent

elles finissent

D’autres verbes en -issons: applaudir, choisir, obéir, pâlir …

Attention:

De nombreux verbes en -ir ne se conjuguent pas de cette manière. Par exemple, tenir.

Mardi Gras en France

Carnaval de Dunkerque.

Carnaval de Dunkerque.

 

Dans la culture catholique, Mardi Gras est le dernier jour avant Mercredi des Cendres, qui marque le début du Carême, une période de 40 jours (sans compter les dimanches) qui incite à la prière, à se poser des questions sur soi et à faire un jeûne qui consiste à ne plus manger de viande, d’oeufs et à mettre une croix sur les gourmandises qui peuvent faire plaisir pendant le quotidien. Cette période se termine officiellement le dimanche de Pâques.

La date du Mardi Gras change chaque année. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une journée où l’on peut savourer de bonnes choses, même ce qui est gras et sucré, comme des beignets ou des crêpes.

 

Des beignets. Ils peuvent être natures ou fourrés à la compote de pomme, à la confiture, à la crème pâtissière, au chocolat ...

Des beignets. Ils peuvent être natures ou fourrés à la compote de pomme, à la confiture, à la crème pâtissière, au chocolat …

 

C’est le moment de faire la fête, de se déguiser, de faire du bruit, des parades et des excès étant donné que le jour suivant est le commencement d’une période très sérieuse.

Les écoles primaires organisent des fêtes de carnaval. Les grandes villes organisent de grandes parades où des chars excentriques sont exhibés dans les rues. Un vrai plaisir pour les petits et les grands !

Les carnavals les plus connus en France sont ceux de Nice (sur la Côte d’Azur), de Dunkerque (dans le nord) et de Granville (en Normandie) mais toutes les villes françaises en organisent un où le principe reste le même: faire la fête au maximum.

 

Un char du Carnaval de Nice.

Un char du Carnaval de Nice.

Chaque célébration du Mardi Gras se termine en brûlant Monsieur Carnaval, un personnage en carton qui représente tous les aspects négatifs de l’hiver. Après cette coutume, les Français peuvent commencer à penser au printemps et aux bienfaits qui l’accompagnent.

 

Explication des mots en bleu:

 

Inciter = pousser

Un jeûne = une période de privation

Mettre une croix sur = renoncer à

Un char = grand véhicule décoré pour une parade

Un bienfait = un avantage / quelque chose de positif

 

 

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