Comment structurer un cours de compréhension ?

La structure d’un cours de compréhension écrite ou orale à la forme d’un sablier. On part du général et on va de plus en plus vers le particulier pour à nouveau s’ouvrir vers le général.

Chaque cours repose sur un support que l’enseignant choisit par rapport à l’objectif pédagogique, à son contenu linguistique, au niveau et aux intérêts de ses apprenants.

Le support est de préférence authentique et a une dimension culturelle. Si le document est trop difficile tel quel pour les apprenants, il faut que l’enseignant le rende plus digeste en le didactisant : adapter la longueur, inclure des explications de vocabulaire, des explications culturelles…

Il est essentiel de ne pas oublier qu’un professeur de langue est également un animateur. Par conséquent, les activités proposées doivent être pertinentes et divertissantes pour éviter que les apprenants se démotivent et décrochent au cours de la séance.

Voici la structure que chaque enseignant de langue doit maîtriser pour faire des cours complets et de qualité.

  • L’anticipation :

Il s’agit d’amener les apprenants vers le sujet principal du support de manière ludique.

Par exemple, vous pouvez montrer une image et inviter les apprenants à faire un remue-méninge sur le thème. Vous pouvez également commencer le cours en faisant écouter une chanson, une musique et ils doivent deviner le thème.

  • L’introduction au document

Si c’est un texte, les apprenants le lisent une première fois pour eux ou avant la séance.

Si c’est une vidéo, les apprenants peuvent la découvrir sans le son.

L’enseignant peut également décider de faire découvrir qu’une partie du document si c’est suffisant pour être capable de faire la partie suivante (la compréhension globale) et pour éviter de les déstabiliser avec une surabondance d’éléments nouveaux.

  • La compréhension globale

Cette partie correspond à des questions basiques pour mieux comprendre la situation : qui ? quand ? où ? …

Les activités peuvent inclure des activités de vrai / faux, des questions à choix multiples un exercice lacunaire, des questions ouvertes…

Le but de cette étape pour l’apprenant est d’émettre des hypothèses basées sur ce qu’ils ont vu lors de leur première approche du document.

Il est essentiel de motiver l’apprenant et de titiller sa curiosité pour qu’il soit attentif et actif pendant toutes les étapes du scénario pédagogique.

Pour un public d’adolescents, créer des équipes peut stimuler leur esprit de compétition.

  • Découverte du document en entier et vérification des hypothèses émises lors de la partie précédente.

Pour une vidéo, il s’agit de la découverte du document avec le son.

  • La compréhension détaillée 

Les activités portent sur les détails du document pour affiner sa compréhension.

On va se concentrer sur son message et sur le sens des mots.

C’est le moment de se concentrer sur des expressions et des passages difficiles.

Exemples d’activités : remplir un tableau, une activité d’association, un vrai / faux, des questions à choix multiples…

  • Conceptualisation

Quand le sens du document est maîtrisé, on peut se concentrer sur l’aspect linguistique. Pour ce faire, l’enseignant doit, au préalable, analyser le contenu du document : le vocabulaire spécifique, les temps, les modes, les prépositions… Tout ce qui peut être utile pour atteindre un objectif linguistique lié au niveau visé du CECRL.

Quand l’enseignant a choisi ce qu’il doit enseigner, il peut par exemple, présenter une phrase du document qui contient le fait de langue. Il met en évidence celui qui est visé et il demande aux apprenants d’observer, d’analyser pour qu’ils puissent faire des hypothèses et trouver eux-mêmes la règle ou au moins, une partie de la règle.

Il ne faut jamais servir la règle sur un plateau. L’apprenant ne doit jamais être passif.

Puis, vient le moment de la validation et des explications complémentaires de la part de l’enseignant.

La conceptualisation est la verbalisation du fait de langue ciblé.

Quand la théorie est comprise par tous, on peut passer à l’étape suivante.

  • La systématisation :

Le but de la systématisation est la mémorisation et la fixation de la règle via la pratique et la répétition. Il faut impérativement rendre cette étape stimulante et ludique. Pour atteindre l’objectif, il faut que les apprenants comprennent la pertinence du fait de langue, quand et comment l’’utiliser.

  • La production :

Elle peut être écrite ou orale. Elle est l’activité finale qui met l’apprenant dans le grand bain.

Son but est d’appliquer toutes les notions que l’apprenant vient de découvrir dans une situation qui est la plus authentique possible.

Exemples de production écrite qui peut découler vers une production orale :

  • La préparation d’un scripte pour un podcast suivi de l’enregistrement du podcast après correction, remédiation et travail sur l’intonation et la prononciation.
  • Écrire un scripte pour une pièce de théâtre qui peut plus tard être jouée par le groupe.

Exemples de production écrite :

  • Écrire un e-mail sur un sujet similaire à son professeur (natif).
  • Participer au web social : un forum, donner son opinion sur les réseaux sociaux, sous un article du site d’un journal…  

Exemple de production orale :

Faire un exposé sur un sujet similaire devant le groupe pendant la prochaine séance.

Il est important d’exploiter l’interculturalité.

La production doit faire comprendre à l’apprenant que les notions qu’il vient d’apprendre son utile dans la vraie vie. Évitez les sujets qui ne justifient pas la langue cible et les situations farfelues, éloignées de la réalité.

Cette structure de cours est la même pour les cours en présentiel et en visioconférence.

Pourquoi faire des podcasts ou en faire faire pour enseigner les langues étrangères ?

Onair

Vous avez certainement déjà utilisé les podcasts de certaines radios pour entraîner vos apprenants à la compréhension orale. Mais pourquoi faire ou faire faire des podcasts pour enseigner les langues étrangères ?

En tant qu’enseignant, pourquoi faire des podcasts ?

Les activités de compréhension orale sont souvent impressionnantes et stressantes pour les apprenants. Ces derniers ont tendance à être déstabilisés par l’exercice lui-même: un nombre très limité d’écoutes, un nouveau sujet, de nouvelles expressions, une ou plusieurs nouvelle(s) voix, des débits différents et peut-être même un ou des accent(s) différent(s). Tant de nouveautés ajoutés au manque de confiance en soi font de cet exercice nécessaire une épreuve éprouvante pour certains.

La solution pour résoudre ce problème sur le court terme est la production de podcasts par l’enseignant. Il peut choisir un sujet culturel, par exemple, le développer à l’écrit et s’enregistrer avec son smartphone. Pour cela, la simple application “dictaphone” suffit, mais s’il veut faire quelque chose de sophistiqué, il peut utiliser Garage Band sur son Mac ou Audacity sur son PC.

Une fois le podcast enregistré, il peut créer une série d’activités. Pour faire une séquence complète, il est préférable de respecter les trois parties suivantes: anticipation, compréhension globale et compréhension détaillée. S’il veut en profiter pour faire travailler d’autres compétences, il peut, par exemple, faire repérer un fait de langue, créer un exercice de systématisation et terminer le tout par une activité de production orale ou écrite dans laquelle, bien sûr, il y aurait à pratiquer le fait de langue étudié.

S’il le souhaite, ses podcasts peuvent être diffusés sur un Soundcloud, sur son blog pédagogique ou sur des plateformes d’audioblog comme Arte Radio ou RFI Savoirs.

Le fait que ce soit une production personnelle va forcément attirer l’attention de l’apprenant, de plus, la voix du professeur va le rassurer. En effet, il y est habitué et ne sera pas trop déstabilisé par son débit. Seuls les expressions et le thème seront neufs mais l’apprenant vivra mieux l’exercice.

Cette production par l’enseignant lui-même ne peut être que temporaire, en effet, son but est de rassurer au maximum l’apprenant avant qu’il fasse le grand saut vers d’autres podcasts authentiques.

L’enseignant peut également se servir de podcasts pour lire des textes étudiés en cours. Le podcast peut servir d’exemple pour la prononciation, en particulier si la lecture ne se fait pas trop rapidement et si le professeur articule. Au début de son apprentissage, l’apprenant a besoin de comprendre les règles de prononciation, de les entendre appliquées et d’écouter la langue cible pour améliorer sa propre prononciation et se sentir à l’aise avec ses nouveaux phonèmes.

Quand il est plus à l’aise, l’apprenant peut commencer à produire ses propres podcasts.

Pourquoi et comment faire faire des podcasts ?

Faire faire des podcasts est un excellent moyen de rendre l’apprenant vraiment actif dans son apprentissage et ce, à tous les niveaux. C’est à l’enseignant d’adapter les consignes au niveau des apprenants.

L’approche basique:

L’enseignant propose des sujets (culturels, par exemple) et l’apprenant fait les recherches nécessaires, rédige un texte et après correction écrite et orale, l’enregistre.

L’approche sophistiquée:

Des apprenants peuvent travailler ensemble et copier des émissions audios. Ils peuvent par exemple faire des interviews, des jeux, des documentaires, des micro-trottoirs. Les jeux de rôles sont les bienvenues pour rendre l’activité ludique.

La création de podcasts permet de faire travailler plusieurs compétences en même temps: la compréhension écrite (au moment des recherches), la compréhension orale (si leurs sources sont des documents audios), la production écrite (au moment de la rédaction du script) et la production orale (au moment de l’enregistrement). Et en plus de tout cela, les apprenants découvrent des aspects culturels et peuvent développer leur esprit critique.

La cerise sur le gateau c’est de diffuser leurs podcasts sur une plateforme sur Internet. Ainsi, les apprenants peuvent les partager avec leurs proches et être fiers de leur travail. Et il y a de quoi être fier, ce n’est pas tous les jours que l’on se retrouve dans la peau d’un journaliste qui parle la langue cible !